BlogNovember 19, 2010

Klinkhoff vend une superbe petite scène de plage de James Wilson Morrice

JW Morrice, Parasols sur la plage, Bretagne JAMES WILSON MORRICE, A.R.C. (1865-1924) Parasols sur la plage, Bretagne, vers 1896 Huile sur panneau 13 sur 9 1/2 po VENDU Provenance: Succession de l'artiste; Famille de l'artiste; Collection particulière, Québec. James Wilson Morrice aimait peindre les plages du monde. Mais avant 1900, elles lui servaient surtout de décor pour l’activité humaine: ramasser des huîtres ou du goémon, faire sécher les draps; plus rarement pour des baigneurs ou des vacanciers. Il est vrai que la station balnéaire était un phénomène récent, dont le développement avait suivi celui du chemin de fer; ce sont les impressionnistes qui ont popularisé ce motif très représentatif, à leurs yeux, de la vie moderne. Mais Morrice, installé à Paris depuis 1890, était plus intéressé par l’art hollandais et Whistler que par l’art français contemporain. C’est donc avec surprise qu’on lit qu’il quitte Paris “précipitamment” pour peindre “les baigneurs” à Saint-Malo (Bretagne) au début de juin 1896 (lettre à son ami américain Robert Henri); déçu par leur absence en ce début de saison, il se rend à Cancale, un petit village de pêche non loin, et un second séjour à Saint-Malo en juillet se termine de la même manière: “L’endroit devient lassant. A part la plage, il n’y a pas grand 'chose à peindre.” (ibid.). Son carnet no 2 (Musée des Beaux-arts de Montréal) contient surtout des dessins cancalais, mais une page montre deux petits personnages féminins assis sur des chaises, vus de loin sur ce qui semble être une plage. Aucun baigneur... au 19e siècle, seuls les enfants et les hommes osaient entrer dans l’eau; les femmes, habillées et chapeautées, passaient leurs journées sous de grands parasols dans ces “salons en plein air”. Le moindre hâle, surtout au visage, était tabou, car il rappelait le travail des paysans au soleil. Des femmes assises occupent aussi le premier plan de ce délicieux petit panneau, découvert tout récemment; s’il y a maintenant des baigneurs, ils sont réduits à des silhouettes minuscules. Cette plage est probablement à Saint-Malo, où le turquoise profond de la mer a valu le terme d’Émeraude à cette portion de côte, et où les remparts offrent un excellent point de vue sur la plage en contrebas. Mais il ne s’agit pas d’une énième scène de plage par Morrice... en fait, ce tableau est sans parallèle dans son œuvre. Sur le plan historique, il pourrait être sa première scène de plage; sur le plan artistique, il témoigne du bref moment, coïncidant avec sa découverte de l’impressionnisme et des couleurs claires, pendant lequel l’artiste a cherché son inspiration dans l’estampe japonaise. La composition verticale, rare pour une scène de plage, en est clairement inspirée: vue en plongée avec un ton soutenu en haut pour aplatir la perspective, éléments disposés avec soin sur la surface plane, quelques-uns coupés par le cadre. C’est particulièrement vrai pour la moitié supérieure, où l’œil est attiré par le sable ensoleillé et les parasols colorés qui évoquent des chrysanthèmes stylisés; pour souligner cet effet, “l’artiste à l’œil délicat” (comme l’appelait son ami Matisse) a sciemment laissé la partie inférieure, plus descriptive, dans l’ombre. Copyright © Lucie Dorais, 2010
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