Canadienne, 5 février 1979–10 avril 1963
« Les objectifs de l'éducation artistique sont d'aider les enfants à voir, à ressentir et à exprimer la beauté avec un sentiment propre et spontané. Il faut leur donner la possibilité d'utiliser l'expérience de la vie quotidienne de façon créative, afin qu'ils puissent acquérir l'intelligence grâce à l'utilisation de leurs mains. [...] Presque tous les enfants ont quelque chose à dire à travers le dessin, et la formation à l'art aboutit à un raffinement de la pensée, des yeux et de la main. » Ethel Seath

Ethel Seath a d'abord commencé sa vie professionnelle dans le domaine des arts commerciaux. Elle fut illustratrice pour d'importants journaux, dont le Witness et The Montreal Star. Seule femme dans un milieu réservé aux hommes, sa présence souligne le caractère inhabituel de celle-ci, non pas par une personnalité excentrique mais plutôt par sa ténacité à poursuivre une carrière qui lui donne l'occasion d'évoluer dans le monde de l'art, tout en rapportant l'argent nécessaire au soutient d'une famille de cinq enfants, délaissé par un père malade.

 

On l'a dit conservatrice et réservée, on pourrait croire que cette attitude cachait une volonté et une adaptabilité qui lui permirent de s'intégrer à l'équipe d'artistes journalistiques du milieu montréalais pendant près de vingt ans. Ces qualités lui permirent aussi de devenir un professeur respecté par de nombreux artistes, dont plusieurs de ses étudiantes, et de poursuivre simultanément des études à l'Association d'Art of Montreal (A.A.M.), tout en continuant à travailler.

 

Elle quitte sans regret le monde de l'illustration pour devenir professeur d'art et ce, pendant 45 ans, à l'école privée The Study School. De 1917 à 1962, année de sa retraite, elle développa avec Margaret Gascogne (fondatrice de l'école et musicienne), une méthodologie d'enseignement des arts, basée sur la créativité présente en chaque enfant. Elles fournissaient aux élèves le matériel nécessaire à stimuler cette créativité, tout en les éveillant aux arts, à la littérature et à la musique.

 

The Study School, tout comme le Groupe du Beaver Hall à laquelle elle se joignit dans les années 20, lui donnait un environnement idéal au développement de son art. En effet, à la même période, Ethel quitte le monochrome pour s'adonner à la couleur. Passée maître du dessin par le biais de son ancienne profession, l'expérimentation des couleurs lui donne l'opportunité de laisser aller son imagination. Les lignes s'arrondissent, les couleurs sont contrastantes, peu à peu son style devient plus libre, plus « abstrait », et fera sa marque de commerce.

 

Sa relation amicale avec Margaret Gascogne lui permet de se rendre en de multiples occasions à Knowlton où se situe la maison de campagne de cette dernière. La « Grande Octogonale », tout en représentant bien le style d'Ethel Seath, est probablement un témoignage de ces visites estivales.

 

Outre ces escapades estriennes, elle partagea plusieurs moments avec ses consœurs du Beaver Hall, soit pour pratiquer ou exposer son travail artistique, dans différentes régions du Canada.

 

Cette survivante d'une période victorienne rigide a su s'adapter au monde artistique en changement. Malgré ses nombreuses préoccupations familiales, elle a persévéré dans un domaine peu ouvert aux femmes, et encore moins celles d'origine modeste. Heureusement pour nous, et pour toutes les personnes qui l'ont côtoyé, sa ténacité nous a permis d'apprécier son immense talent et la rencontre d'une femme exceptionnelle.

 

Source: Catalogue de l'Exposition Groupe Beaver Hall, pour Les Auxiliaires de L'Institut Thoracique de Montréal, Galerie Walter Klinkhoff (2007).

© Galerie Walter Klinkhoff Inc.

 

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