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Œuvres d'art
Marc-Aurèle Suzor-CotéNature Morte aux amandes et aux pommes, 18951869-1937SoldInscriptions
signed and dated, ‘SUZOR-COTE / 95’ (lower right)Provenance
P. LaBranche, Québec, 1967
Walter Klinkhoff Gallery, Montreal, 1977
Private collection, Toronto, November 1977Galerie Walter Klinkhoff Inc., Montreal
Private collection, MontrealGalerie Walter Klinkhoff Inc., Montreal
Property of a Distinguished Montreal Collector, 2007
Expositions
Montreal, Art Association of Montreal, Royal Canadian Academy of Arts, from 12 March 1896, exhibited as Noix, cat. no. 26.
Toronto, Art Gallery of Ontario, Collector’s Canada, 14 May - 10 July 1988, cat no. 38, as Almonds and Apples
Montreal, Galerie Walter Klinkhoff Inc., Important Canadian Art, 11-24 November 2007.
Documentation
Dennis Reid, Collector’s Canada: Selections from a Toronto Private Collection (Toronto: Art Gallery of Ontario, 1988), titled Almonds and Apples, 46 [reproduced].
Hugues de Jouvancourt, Suzor-Coté (Montreal: Éditions de la Frégate, 1967), titled Almonds and Apples, 104 [reproduced].
Noix (Nature morte aux amandes et aux pommes), 1895
De retour au Québec en juin 1894 après un séjour d’études de plus de trois ans en France, Suzor-Coté entend s’imposer sur le marché de l’art local. Il loue un atelier à Montréal et en installe un autre dans son village natal d’Arthabaska. Il participe aux expositions publiques de l’Art Association of Montreal où il présente paysages, scènes de genre et natures mortes afin de faire connaître l’étendue de son talent. Comme le fera remarquer un critique : « Analyser son œuvre, pièce par pièce, est chose presque impossible tellement elle est complexe, il faudrait pour cela embrasser tous les genres, puisqu’elle les embrasse tous. » [1]
À l’exposition de l’Académie royale des arts qui se tient à Montréal en mars 1896, le peintre présente un tableau intitulé Noix qui est fort certainement ce tableau décoratif d’un format susceptible d’attirer l’attention d’un amateur. La critique remarque cet artiste de 25 ans qui veut s’imposer sur la scène canadienne. Le journaliste du Montreal Daily Witness du 14 mars écrit : « Marc-Aurèle Suzor-Coté has three small canvases, all of real merit. […] ‘Noix’ is very realistically painted. The latter depicts nuts and fruit on a table. » [2] The Toronto Saturday Night (28 mars 1896) renchérit et déclare que : « The work of Mr. Marc-Aurèle Coté is full of promise. His still-life study of Noix is excellent in its fidelity. » [3]
La nature morte regroupe des pommes, verte et rouge, ainsi que des raisins secs et des amandes piquées dans une assiette posée sur une table. Un sac renversé ajoute un élément plus clair sur le fond sombre et la diagonale d’un casse-noix structure la partie inférieure de la composition. Le camaïeu de bruns, du clair au foncé qui décrivent le sac, les noix, la table, les raisins et le fond uni est mis en valeur par les touches de rouge, de vert et de gris qui équilibrent la combinaison des fruits et des objets réunis.
L’œuvre, tout en réjouissant la vue, éveille le sens gustatif et le toucher, et le spectateur entend craquer les noix. Le tableau aiguise les sens par son rendu très tactile. Suzor-Coté célèbre l’automne de manière allégorique, les fruits de la terre qui continuent de nourrir une fois la cueillette terminée. En plus de réaliser des natures mortes d’oiseaux, le peintre produit au même moment des natures mortes de fruits et de fleurs tout aussi généreuses et capiteuses.
Le réalisme ou la fidélité à la nature que soulignent les commentateurs contemporains sont des qualités que recherchent les collectionneurs canadiens. Plusieurs artistes, dont Ozias Leduc (1864-1955), contemporain de Suzor-Coté, adoptent d’ailleurs cette même démarche d’un rendu en trompe-l’œil qui leur vaut un grand succès. Cette approche est perçue comme un gage de maîtrise technique et de la capacité de représenter la diversité et la richesse de la réalité.
Laurier Lacroix
Laurier Lacroix, C.M., est professeur émérite de l’Université du Québec à Montréal où il a enseigné l’histoire de l’art et la muséologie. Parmi ses réalisations, notons les expositions consacrées à Ozias Leduc et à Suzor-Coté, ainsi que celles portant sur la peinture à Montréal entre 1915 et 1930, Les arts en Nouvelle-France, le fonds des tableaux Desjardins, L’atelier comme création. Histoires d’ateliers d’artistes au Québec et Montréal en devenir – Duncan (1806-1881), peintre du 19e. Il s’intéresse également à l’art contemporain et a agi, entre autres, comme commissaire d’exposition des œuvres d’Irene F. Whittome, Marc Garneau, Pierre Dorion, Guy Pellerin, Robert Wolfe, Micheline Beauchemin et Lisette Lemieux. Récipiendaire du Prix Carrière de la Société des musées québécois et du Prix Gérard-Morisset, Laurier Lacroix est membre de la Société des Dix et de l’Académie des lettres du Québec.
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Notes de bas de page:
[1] F. J. L., "Suzor Coté - L’exposition de ses œuvres chez Scott," Le Canada, 20 décembre 1907, 5.
[2] "Among the Paintings: Some of New Canvases Hanging in the Art Gallery," The Montreal Daily Witness, 14 mars 1896, 10.
[3] Lynn C. Doyle, "Art," The Toronto Saturday Night, 28 mars 1896, vol. 9, no. 19, 9.
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