« Frank Hennessey, dont le décès à l’automne de 1941 a mis fin à une brillante carrière, était un peintre de goût doté d’une grande perception sensorielle. » Voilà ce qu’a écrit William Colgate à son sujet dans son ouvrage publié en 1943 et intitulé Canadian Art: its origin & development (Ryerson Press, Toronto, page 139).

Frank Hennessey est un artiste à la fois important et méconnu de la région d’Ottawa. Il a été membre en règle de l’Académie royale des arts du Canada (A.R.C.), qui participait aux expositions de l’A.R.C. au Musée des beaux-arts de Montréal ainsi qu’au Musée des beaux-arts de l’Ontario, membre de l’Ontario Society of Artists (O.S.A.), membre du Studio Club d'Ottawa, membre du Ottawa Group, « associé » de la Royal Society of Arts (Londres, Angleterre) et, enfin, un des peintres à faire partie du groupe select d’artistes canadiens qui ont exposé à l’iconique British Empire Exhibition tenue à Wembley en 1924 et à l’Exposition d'art canadien qui a eu lieu à Paris en 1927, au Musée du Jeu de Paume (Notons que le tableau de Hennessey qui avait été prêté au Musée du Jeu de Paume appartenait au Musée des beaux-arts du Canada). Tout au long de sa vie, Hennessey a été célébré comme un artiste de grand talent et de mérite. Une magnifique toile par Hennessey représente certainement un achat des plus judicieux que vous pouvez faire dans la conjoncture du marché de l’art.

 

Nous en savons vraiment très peu sur la carrière malheureusement trop courte de cet artiste d’Ottawa de renom qu’a été Frank Hennessey. Jim Burant, grâce à son ouvrage intitulé L'histoire de l'art et des artistes d'Ottawa et des environs, 1790-1970, Deuxième partie, 1880-1945 (Galerie d’art d’Ottawa, 1995) est sans doute celui qui, par écrit, a contribué le plus à nous renseigner sur l’artiste. Il y mentionne que Hennessey a participé à une expédition d’exploration dans l’Arctique en 1908 comme assistant-naturaliste et artiste. Il y écrit en outre que Hennessey, après avoir pris part à un relèvement géologique en 1913 et combattu au cours de la Première Guerre mondiale, « a occupé un poste dans l’armée, puis a passé le restant de sa vie comme fonctionnaire après avoir été embauché en 1921 par le ministère de l’Agriculture, division Entomologie, comme artiste et designer ».

 

Burant cite aussi Newton MacTavish dans son ouvrage Ars Longa comme suit : « L’expérience de Hennessey permet de réfuter la croyance populaire selon laquelle l’artisan qui consacre la plupart de son temps et de son attention à dessiner de menus sujets parfaitement contrôlés, ainsi que le veut le travail commercial et technique, perd son habileté à peindre de quelque autre façon que ce soit…

 

« Hennessey dessinait, pour le compte du gouvernement à Ottawa, des illustrations fort détaillées destinées à accompagner et à agrémenter la partie écrite des brochures, encarts, etc., utilisés pour diffuser de l’information. Ce faisant, il est devenu un dessinateur expert, mais le plus remarquable, c’est que, dans sa vie d’artiste professionnel, il mettait de côté les méthodes et techniques précises et contraignantes qui, selon ce que supposent certains observateurs, limitaient les résultats et entraînaient la production de toiles, notamment des pastels de grandes dimensions représentant des paysages, qui se démarquaient par un rendu ou un traitement plus vague ou plus détendu, par leur spontanéité et par leur éclat. Il travaillait généralement au grand air, en contact direct avec la nature; il lui arrivait fréquemment, pendant qu’il profitait toujours de la lumière du jour, de réaliser en une séance un pastel de grandes dimensions qu’il ne retouchait jamais par la suite.

 

Souvent, Brownell et Hennessey partaient ensemble en excursions d’esquisse, lesquelles étaient suivies de balades en voiture au nord de la rivière Gatineau pour se rendre dans les Laurentides à un endroit appelé Pickanock...

 

« Brownell se penchait dans des champs non cultivés, parsemés de souches et de grosses pierres et où des animaux de ferme – du bétail, des chevaux, des porcs ou des moutons – broutaient paisiblement de l’herbe, pendant que Hennessey admirait les eaux vives d’un ruisseau ou d’un cours d’eau. Et si les deux étaient appelés à couper et à transporter de la glace en hiver ou à faire rouler des bûches en été, personne ne se plaignait puisque chacun faisait son affaire et s’occupait de son propre salut » (Ars Longa, Newton McFaul MacTavish, The Ontario Publishing Company Limited, 1938).

 

Un peu plus loin, Burant parle du Studio Club au sujet duquel « Eva Major-Marothy prétend qu’il a peut-être servi à former le cœur du “Ottawa Group” qui a présenté une exposition à la Hart House, à Toronto, en janvier 1924. Ce groupe comprenait des membres comme Paul Alfred, Harold Beament, Frank Hennessey, Florence McGillivray, Graham Norwell, Yoshida Sekido et David Milne dans l’une de ses rares figurations en tant que peintre d’Ottawa. Ce groupe se voulait le pendant outaouais du Groupe des Sept de Toronto et du Groupe de Beaver Hall Hill de Montréal. Le groupe voulait stimuler l’intérêt du public pour l’art et pour l’art moderne en particulier. Peu de temps après l’exposition, Beament et Norwell sont partis en Europe, tandis que Milne est retourné à New York; quant aux autres artistes, ils ont poursuivi leur carrière en solo ou en participant à des activités de la Société des arts d'Ottawa » (L'histoire de l'art et des artistes d'Ottawa et des environs, 1790-1970, Deuxième partie, 1880-1945, Galerie d’art d’Ottawa, 1995, page 23).

 

Dans une brochure écrite au sujet de C. Anthony Law qui avait été un étudiant de Frank Hennessey, nous y avons trouvé le passage suivant : « Hennessey était manifestement un adepte du pastel qui utilisait le crayon lithographique avec vigueur et assurance. Notre pays, en hiver, enseveli sous la neige était un sujet de prédilection pour lui, tout comme l’ont été les fontes et les débâcles printanières. Il prenait plaisir à représenter les moments d’obscurité subtils de l’hiver, juste avant le coucher du soleil. Hennessey, qui excellait aussi à la peinture à l’huile, a enseigné au jeune artiste comment interpréter et rendre la vie sauvage sur toile. » (C. Anthony Law, A Retrospective, Bernard Riordon, Art Gallery of Nova Scotia, du 12 mai au 25 juin 1989 ).

 

En terminant, ce que je vous vous dire, c’est que si vous prenez plaisir à admirer les effets visuels du tableau par lui vous aurez, selon moi, de la difficulté à trouver, à meilleur prix, une huile historique réalisée par un artiste aussi talentueux et intègre que ne l’a été Frank Hennessey.

 

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